lundi 25 avril 2011

Conférence de l'ASSOPIC sur l'eau

I GEOLOGIE

Hervé Jourde, maître de conférences à l’université de Montpellier 2, Directeur de Recherche en Hydro-sciences.

En résumé, nous vivons sur des roches carbonatées appelées karst. Elles forment des blocs peu perméables creusés de galeries : les drains par lesquels l’eau des précipitations s’écoule. Il a donc des réserves souterraines conséquentes et contrairement aux idées reçues que les nappes phréatiques sont à sec, les eaux karstiques se rechargent très facilement aux saisons de printemps et d’automne. L’Hérault n’est absolument pas en stress hydrique même si la pluviométrie est en baisse depuis les années 70.

Du fait de cette configuration lorsque les précipitations sont trop intenses, elles créent une pression importante, des inondations et des ‘boulidous’ (endroit d'où l'eau sort en bouillonnant) se produisent. Un important vocabulaire local a vu le jour progressivement. On peut trouver des renseignements historiques sur le site suivant :

http://lofab.free.fr/Articles/Lexique.htm

Pour l’instant il y a 4 forages de prélèvement : celui du Triadou, de St Clément, de St Gély, et des Matelles.

II ENJEUX HISTORIQUES ET POLITIQUES

Thierry Ruf, Directeur de Recherche à l’IRD.

Autrefois (Il ya 300 ans) il y avait tout autour de Montpellier des communautés paysannes qui utilisaient l’eau du Lez. Les paysans approvisionnaient Montpellier en produits frais mais la communauté urbaine grandissant, l’eau était détournée des terres agricoles. Il y eut une véritable bataille pour l’eau entre les paysans et la ville. La ville remporta la bataille créant ainsi un désert agricole car la paysannerie locale quitta progressivement l’arrière pays autour de Montpellier.

Dans les années 60, on détourna les eaux du Rhône, en créant le réseau BRL (Bas Rhône Languedoc) : le canal Philippe Lamour. Aujourd’hui cette eau mélangée aux eaux du Lez approvisionne la ville de Montpellier. Sa gestion est assurée par le groupe Véolia.

La gestion des eaux par les compagnies privées est assez contestée actuellement, nombreuses voix s’élèvent pour critiquer ce fonctionnement car le groupe facturant la ville n’a pas grand intérêt à assurer la maintenance. (Sur Montpellier il y a actuellement 25 % de pertes en eau sur les conduites souterraines, ce qui peut paraître énorme !) La ville de Paris, elle, est revenue à une régie locale. Le contrat de la société Véolia avec la ville de Montpellier prend fin en 2014 : à savoir s’il sera reconduit et à quelles conditions ?

Voir le documentaire Water Makes Money de Leslie Franke et Herdolor Lorenz à ce sujet. http://www.watermakesmoney.com/fr/le-film.html

La gestion de l’eau suscite de nombreuses questions

- d’ordre géographique : l’aménagement du territoire, l’importance du SCOT. Le paysage : réinstaller des réservoirs comme il en existait à flanc de montagne dans les Cévennes ce qu’on appelait les ‘gourgues’ ?,

- d’ordre sociologique : éducation à faire autour de l’eau, ne plus la percevoir comme un fait acquis mais comme une ressource, lutter contre le gaspillage, réduire notre consommation.

- de santé publique et d’environnement : utiliser l’eau karstique nécessite moins de traitement que l’eau du Bas Rhône, il paraît nécessaire également de préserver la nature autour des zones de captage. Exemple cité dans Water Makes Money : la ville de Munich a aidé les paysans situés autour des zones de captage à passer à l’agriculture biologique, actuellement l’eau captée arrive au robinet de l’usager sans traitement. Inversement, les eaux de Jacou ont été définitivement polluées dans les années 60 par une usine de peinture.

- d’ordre agricole : l’irrigation des terres. Syndicat paysan vs syndicat intercommunal, communautés paysannes vs communautés urbaines. Il est nécessaire de passer à de nouvelles pratiques agricoles moins gourmandes en eau et en produits chimiques.

- d’ordre politique : gestion publique, privée ?? économie libérale ou régie municipale ??

Aujourd’hui il est question de poursuivre le réseau BRL jusqu’à Béziers : projet Aqua Domitia car ce serait moins coûteux que d’aménager le territoire, créer des réservoirs, financer une communication pour éduquer les consommateurs et les responsabiliser face à l’utilisation de l’eau. Cependant les traitements au chlore seront inévitables si on utilise l’eau du bas Rhône. Ce projet n’est pas nouveau il avait été question il y a quelques années de poursuivre le canal jusque vers Barcelone.

Une concertation avec le public sera organisée en septembre prochain. A ne pas manquer !!

L'ASSOPIC devrait organiser une nouvelle conférence précisément sur la qualité de l'eau.

Plus d’information :

http://web.mac.com/t.ruf/iWeb/Enjeux-eaux-regionLR/F0983E34-CCFE-41FC-8EE6-FD3C56397CB0_files/alternativesAquadomitia-V4.pdf